Je vous présente aujourd'hui une huile sur toile du 17° siècle qui se trouve aux Beaux Arts d'Angers, où j'étais ces derniers jours.
Ce tableau, portrait mystérieux et allégorique d'une très belle femme,me posait des questions de compréhension:
pourquoi ce masque?pourquoi une telle expression d'absence si elle va ou revient de bal masqué?Et surtout, pourquoi une grenade?
J'ai donc fait une recherche sur internet.
Le texte ci dessous est complètement pompé sur le site académique de Nantes, lien ci dessous, parce que je ne ferais certes pas mieux, loin s'en faut et que, perso, il m'a fort intéressée.
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/lettres/enseignement/seances/faire-dialoguer-une-uvre-litteraire-et-un-tableau-de-tartuffe-a-la-femme-au-masque-834697.kjsp
Il s'agit de "La femme au masque" , peint vers 1650 par Lorenzo Lippi ,tableau aussi appelé "le mensonge" ou "l'allégorie de la dissimulation",tout un programme!!!!et un stéréotype qui fonctionne encore bien!
Début de citation(les NB sont des remarques perso)="Le peintre (1606-1665) était un artiste lettré de Florence , peintre et poète. Le tableau, dont le travail sur la lumière est caractéristique de sa palette, est une parfaite illustration du goût marqué, et particulièrement à Florence, pour le portrait allégorique. (NB=Il a aussi peint la fortune, l'innocence et la musique)
Le tableau : Un portrait en buste et de trois quarts d'une jeune femme.
°°La composition : Le jeu des diagonales met en relief la présence, dans trois triangles - sur les quatre ainsi délimités – les trois éléments essentiels de ce tableau:
le visage, le masque et la grenade, qui se détachent d'autant mieux qu'ils apparaissent, pour les deux premiers, sur un fond noir et, pour le dernier, sur le fond bleu de la robe.
°°Le fond noir, conjugué à la lumière provenant de la gauche, qui permet des effets d'ombre et de lumière appuyés sur les plis des vêtements et surtout sur les mains tenant le masque et la grenade, accentue le modelé du visage, qui semble ainsi émerger de la pénombre, et rehausse la clarté de la peau, soulignant de cette manière sa blancheur : un indice de beauté qui pourrait passer aussi pour un signe de pureté.
Ce visage impassible peut signifier le calme intérieur mais aussi la froide indifférence. Ce que confirmerait le regard baissé vers le spectateur : elle le domine et il est possible de déceler, à travers le dessin de la bouche, un certain mépris. Elle est le maître du jeu.
L'analyse : Cette jeune femme tient :
*** d'une main un masque, qui est certes l’emblème du théâtre mais, si nous nous référons à l'étymologie grecque pour désigner le jeu du comédien qui, à l'origine, avance masqué sur le devant de la scène, c'est-à-dire hupocrisia – et l'hupokritês désigne le comédien –, ce masque prend aussi la valeur du faux-semblant, du mensonge et de la dissimulation.
Il est intéressant de noter que le jeune femme clôt d'un doigt la bouche entrouverte de ce masque, comme s'il allait parler (pour dire le vrai ?) alors qu'elle a les lèvres hermétiquement closes.
D'autre part, le masque est plus coloré que le visage de la femme. Il serait donc, puisqu'il semble vouloir parler, plus vivant que le modèle. Ce que confirme l'opposition des couleurs chaudes (l'orangé et le rouge du masque) et des couleurs froides (le vert du turban et le bleu de la robe de la femme), la grenade tenant des deux (le vert et le rouge).
Enfin, s'il est aisé de constater que ce masque est le double du visage de cette femme (le front, les sourcils, le nez sont bien semblables)[NB:ce n'est pas évident pour moi,en tout cas...], le fait qu'il ressorte nettement sur le noir, permet de suggérer, grâce à l'ombre de la joue et du cou qui découpe parfaitement le visage féminin, que celle-ci se dissimulerait encore – car la question demeure : vient-elle d'ôter ou va-t-elle mettre ce masque ? - sous un autre masque, celui de l'impassibilité.
*** et de l'autre main une grenade ouverte : la main posée sur le bord du tableau, elle semble la tendre, l'offrir au spectateur. La présence simultanée de ces deux éléments, le masque et la grenade, semble bien confirmer, par redoublement de sens, la simulation.
Notons d'abord que ce fruit possède une forte et multiple nature symbolique.
°° Il peut être le symbole de la beauté : dans le Cantique des cantiques, il est utilisé plusieurs fois pour décrire la beauté féminine : « 4.3. Tes lèvres sont comme un fil de pourpre, ta bouche est charmante et tes joues, derrière le voile, sont comme des moitiés de grenade. ». Ce qui serait donc un écho de la beauté de ce visage féminin soulignée par la pureté des traits et la blancheur du visage.
°°Mais ce fruit peut aussi désigner la fausse apparence : sous un aspect appétissant, il peut se révéler fort désagréable au goût[NB:comme n'importe quel fruit,non???]. Ce qui nous renvoie au masque et au visage : derrière une apparence séduisante, peut apparaître une réalité tout autre. La femme serait-elle alors une comédienne ou, en jouant avec l'étymologie, une hypocrite ?
°°D'autre part, la grenade est très souvent associée à la fécondité. C'est le fruit que tient, par exemple, Marie, pour annoncer sa maternité.
Ce qui serait un écho à la jeune femme du tableau mais avec un sens plus trivial puisque nous serions en présence du thème de la courtisane et, au-delà, de la pensée que le sexe est une arme féminine.
°°Enfin, ce fruit peut signifier le péché, le Mal à partir des termes homographiques et homophoniques "malum". En effet, s'il est le nom latin de la pomme et de la grenade (malum granatum : pomme à grains), il désigne aussi les maladies, les maux et, par extension, le Mal. Ce qui serait ainsi un écho à ce fruit de la tentation que le jeune femme propose au spectateur.
Conclusion Une composition sobre mais efficace qui met en avant deux attributs de la simulation (le masque, la grenade), puisque celle-ci est double (derrière un faux visage, se cache le vrai visage), pour une allégorie de la simulation faite femme « Le tableau florentin dit l'équivalence du sexe féminin et de la dissimulation [...], la femme est menteuse, hypocrite, dissimulatrice... ».(fin du copié collé)
mon opinion, ou devrais je dire mon ressenti=J'aime le visage rond et presque encore enfantin de cette femme.Ce n'est pas tant son regard (jugé hautain et dominateur dans le texte ci dessus) que ses yeux qui m'ont happée, des yeux gonflés, un peu comme quand on a beaucoup pleuré-ou beaucoup dormi-Elle a , selon moi, un air triste et intériorisé,mais décidé;je ne m'étendrai pas sur la place de la femme dans la société du 17° siècle,ce serait jauger le passé à l'aune du présent,présent pas très reluisant tout de même,-mais je n'en pense pas moins...